Notre article concernant l’aménagement de la zone des Arrigols a suscité des interrogations auxquelles nous souhaitons apporter des éléments de réflexion.
“Qu’en pensent les porteurs de projet d’Intermarché?”
Tout d’abord, il ne s’agit pas d’opposer les projets de Super U et de Mon Brico à ceux d’Intermarché. Ces entités font toutes partie de l’appareil commercial du territoire, y ont toutes leur place, et font face aux mêmes problématiques : accès, stationnement, stockage, livraison, surface de vente… Leurs besoins sont sensiblement les mêmes et paraissent légitimes lorsque que l’ont connait les lieux. Dans un cas, le foncier existe et permet un développement, dans l’autre cas, un déplacement est nécessaire.
L’annonce qui est faite est celle de la mise en conformité du Plan Local d’Urbanisme, qui autorise les porteurs de projet à déposer leurs permis de construire et à présenter leurs projets devant la CDAC (Commission Départementale d’Aménagement Commercial). La même instance, le même parcours et les mêmes règles que celles des autres projets.
“Concernant le moment de l’annonce”
Le moment de l’annonce fait effectivement écho à l’actualité. Ces procédures sont longues, ne datent pas d’hier et aboutissent, pour cette étape, à un vote du Conseil communautaire il y a quelques jours. Nous aurions pu ne pas communiquer sur le sujet mais nous faisons le choix de la transparence.
“Concernant l’impact sur le commerce traditionnel”
Concernant l’opportunité de ces projets, quelques éléments techniques sont utiles pour se forger un avis. En matière commerciale, le territoire souffre d’une importante évasion commerciale : plus de 60 %. (Sur certains secteurs d’activité, ce taux atteint même les 80 %). Cela veut dire que pour 100 euros dépensés par un consommateur vivant sur le territoire, 60 euros sont dépensés hors territoire. La principale destination de cette évasion commerciale est le secteur de Foix avec notamment sa zone commerciale. Supermarchés et enseignes nationales ont un fort pouvoir attractif, captent le consommateur qui une fois sur place effectue aussi ses achats secondaires. Les dernières études menées par la CCI montrent une légère baisse de cette évasion : l’ouverture d’une grande surface de bricolage à Tarascon-sur-Ariège y contribue. Pourtant ce magasin perd encore des clients au profit de la basse Ariège car il ne peut pas proposer tous les produits et services demandés. De même, il est possible de penser qu’avec des grandes surfaces proposant plus de produits, plus de services et de meilleures conditions d’accès et de stationnement, une partie de la consommation se refixera sur notre territoire.
Cela ne règle pas la question de la cohabitation avec le « petit commerce » mais si le consommateur est sur place, la concurrence est possible. Rude, mais possible. Une fois la consommation délocalisée…elle est perdue pour tout le monde. L’équilibre réside dans une bonne répartition : c’est notamment le rôle des CDAC que d’évaluer ces impacts.
“où allez vous mettre Intermarché, qui va venir s’installer ?”
Une collectivité ne décide pas ni du lieu d’installation ni de qui va venir. Elle participe à l’édiction des règles dans le cadre desquelles l’activité économique reste privée. Une entreprise s’organise, décide, fait des choix, dans le cadre des règles énoncées.
Concernant Intermarché, suite à l’avis négatif de la CDAC le Président Philippe Pujol a pris l’initiative d’organiser une réunion qui se tiendra le 19 novembre sous l’égide de la Préfecture (sous réserve des modalités autorisées par le protocole sanitaire).
Concernant les enseignes à venir, rien n’est encore signé et il ne nous appartient pas de les annoncer. Tout le monde a néanmoins entendu parlé du projet d’une grande enseigne de fast-food. Ce projet est une réalité, avec ses partisans, ses détracteurs, ses emplois, ses concurrents indépendants… Là aussi, l’inquiétude peut être légitime, tout comme il est possible de se dire que lorsque la clientèle locale part manger à Foix, il est plus dur de la faire revenir dans sa boutique que si la consommation reste sur place… L’emploi est aussi un facteur important.
Quoiqu’il en soit, le métier de commerçant est un métier difficile qui nécessite une perpétuelle adaptation aux changements des habitudes de consommation, aux nouvelles normes, à la concurrence et aujourd’hui à la crise sanitaire.
Consciente de ces difficultés, la Communauté de communes a mené de 2006 à 2012 et de 2016 à 2019 deux opérations de soutien au commerce local qui ont permis à 90 commerces (72 lors de la première opération, 18 lors de la seconde) de bénéficier de subventions pour leurs investissements. Ces deux opérations successives font de notre collectivité, proportionnellement à la taille de son appareil commercial bien sûr, une des plus engagées pour le « petit commerce » sur le plan national.
C’est dans cette même volonté d’un développement équilibré et cohérent que les élus de la Communauté de communes prendront les décisions à venir, sur les éléments qui relèvent de leurs compétences, et en continuant d’en informer la population avec la plus grande transparence.